Paul Rouillier

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18 / 05 / 2004  

Pour faire un peintre, mon dieu que c'est long ..........

Né en 1914, Paul Rouillier décède en 1998, nous laissant une œuvre importante et encore très mal connue. Prenez le temps de la découvrir. Visitez le site qui lui est consacré, (environ 450 toiles et objets divers, dont beaucoup sont disponibles à la vente. www.rouillier.com )

Si les premières oeuvres de Paul Rouillier sont fortement imprégnées de l'influence des grands maîtres de l'époque (Picasso, Juan Gris, Braque,.....), il saura progressivement se dégager de toutes influences pour parvenir à un style personnel et aboutit.
"Pour faire un peintre mon dieu que c'est long ..." Cette phrase représente assez bien le chemin parcouru par Paul Rouillier. Un long travail de recherches sur soi-même, semé de certitudes et de doutes, d'expériences, d'enthousiasmes et de déceptions, d'hésitations entre le "tout contrôle" et le "tout libéré", avant d'arriver à la synthèse de ces deux tendances antagonistes.
De 1930 à 1948 il peint ce qu'il voit, même si l'image qu'il en donne à travers une théorisation cubiste est autant conceptuelle qu'émotionnelle. Les formes sont construites ou souples, mais petit à petit le signifié s'efface pour laisser place à la couleur, aux formes et aux rythmes.
Lorsqu'il reprend la peinture en 1970 après une longue interruption, il reprend la démarche là ou il l'avait laissé. Une série de toiles inspirées des idéogrammes Chinois montrent bien son goût pour une construction rigoureuse servant à canaliser la richesse des formes et des couleurs.
À cette époque, non seulement les couleurs apparaissent (noir, rouge, blanc), mais aussi la signification des toiles. La série "Usines et Villes" est une évocation de l'univers urbanisé, Chemin de fer, autoroute, usines, cinéma, les rues,.... c'est un travail d'évocation autour d'un thème.
À partir de 1973, la couleur s'efface à son tour pour laisser place au noir et blanc. Les formes se tendent, les rythmes se brisent dans la série intitulée "Chaos" comme si la cohésion était un obstacle à la libération de l'expression. Puis les formes s'assouplissent et s'accompagnent de traits. Ceux-ci créent la dynamique pour les masses noires qu’ils entourent.
Vers 1975, Paul Rouillier retourne à l'abstraction pure. Des grandes masses de couleur, puissantes, s'entre choquent pour créer la vie. Cette période est illustrée par les séries : "Trapèzes", "Pics", "ton sur ton". La couleur sert moins à séduire qu'à donner du relief et du mouvement. Plus que le ton, c'est la valeur du ton qui importe ... comme s'il s'agissait d'une représentation en niveaux de gris.
À partir de 1978, on entre dans la géométrie pure. Tout d'abord des traits, simples évènements sur un fond unis (généralement blanc), puis comme naturellement, apparaît le quadrillage. Dans un premier temps, il est irrégulier, puis petit à petit il se fige. Ce sont quelques carrés de couleurs qui vont donner le plaisir. C'est sans doute, inconsciemment, dans ces toiles que Paul Rouillier réussit sa première synthèse entre la rigueur et la fantaisie.
Comme chaque fois qu'il s'évade, Paul Rouillier retourne à la raison. Il découvre un nouveau mode de création : la conception assistée par ordinateur. À Beaubourg, il travaille avec François Morelet. Les propositions de l’ordinateur lui servent de support à la réflexion, une sorte de « Brain Storming … » ! Il retrouve ici une démarche qui le sécurise : créer tout en gardant sa distance avec sa création. À partir de 1981 il peint une série de toiles "sans concessions" ou le noir et blanc s'impose. À partir de 1983 commence une longue série de "cartons ondulés" collés sur bois. Les stries du carton peint à l'acrylique jouent avec la lumière au hasard de l'éclairage et du déplacement de l'observateur. Cette technique "cinétique" donne des tableaux difficilement critiquables car ils ne sont jamais les mêmes et différents pour chacun.
1988 va être un tournant pour Paul Rouillier. Le jeu de ping-pong entre dépouillement et rigueur d'une part, fantaisie et couleur d'autre part l'a épuisé. Il s'est cherché et pas encore trouvé ! s'en suit une période de doutes sur le pourquoi de la peinture, le rôle de l'artiste, ....Enfin après d'âpres discussions, il se remet complètement en cause. Sans doute s'est il trouvé sans le savoir car, soudain, la peinture lui apparaît, non plus comme un moyen d'introspection, mais bien comme un outil de communication. On ne peint plus pour soi, mais pour échanger. La peinture est un langage, si elle n'est pas accessible aux autres, elle est un art mort.

Il retrouve sa sérénité et se remet au travail avec enthousiasme. Il se projette dans un univers socialisé. Significativement, c'est à partir de cette époque que ses toiles sont baptisées : Montbassa, Les comédiens, Mutation,..... et qu'il va peindre à partir de thèmes : "La révolution", "Le parfum", "L'Europe unie", "L'écologie". Ce seront les toiles les plus abouties de son oeuvre. Enfin la rigueur de la construction se marie à la fantaisie des formes et des couleurs. Plus d'antagonisme, mais au contraire une synergie dans la recherche de l'évocation, dans la proposition d'une émotion, dans la démarche vers les autres.
IL va peindre jusqu’à 1994, période où trop affaiblit par la maladie, il range ses pinceaux.

Pour découvrir la biographie de Paul Rouillier et le catalogue raisonné de son œuvre :www.rouillier.com
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