Né en 1914, Paul Rouillier décède
en 1998, nous laissant une œuvre importante et encore très
mal connue. Prenez le temps de la découvrir. Visitez le site
qui lui est consacré, (environ 450 toiles et objets divers,
dont beaucoup sont disponibles à la vente.
www.rouillier.com )
Si les premières oeuvres de Paul Rouillier sont fortement
imprégnées de l'influence des grands maîtres
de l'époque (Picasso, Juan Gris, Braque,.....), il saura
progressivement se dégager de toutes influences pour parvenir
à un style personnel et aboutit.
"Pour faire un peintre mon dieu que c'est long ..." Cette
phrase représente assez bien le chemin parcouru par Paul
Rouillier. Un long travail de recherches sur soi-même, semé
de certitudes et de doutes, d'expériences, d'enthousiasmes
et de déceptions, d'hésitations entre le "tout
contrôle" et le "tout libéré",
avant d'arriver à la synthèse de ces deux tendances
antagonistes.
De 1930 à 1948 il peint ce qu'il voit, même si l'image
qu'il en donne à travers une théorisation cubiste
est autant conceptuelle qu'émotionnelle. Les formes sont
construites ou souples, mais petit à petit le signifié
s'efface pour laisser place à la couleur, aux formes et aux
rythmes.
Lorsqu'il reprend la peinture en 1970 après une longue interruption,
il reprend la démarche là ou il l'avait laissé.
Une série de toiles inspirées des idéogrammes
Chinois montrent bien son goût pour une construction rigoureuse
servant à canaliser la richesse des formes et des couleurs.
À cette époque, non seulement les couleurs apparaissent
(noir, rouge, blanc), mais aussi la signification des toiles. La
série "Usines et Villes" est une évocation
de l'univers urbanisé, Chemin de fer, autoroute, usines,
cinéma, les rues,.... c'est un travail d'évocation
autour d'un thème.
À partir de 1973, la couleur s'efface à son tour pour
laisser place au noir et blanc. Les formes se tendent, les rythmes
se brisent dans la série intitulée "Chaos"
comme si la cohésion était un obstacle à la
libération de l'expression. Puis les formes s'assouplissent
et s'accompagnent de traits. Ceux-ci créent la dynamique
pour les masses noires qu’ils entourent.
Vers 1975, Paul Rouillier retourne à l'abstraction pure.
Des grandes masses de couleur, puissantes, s'entre choquent pour
créer la vie. Cette période est illustrée par
les séries : "Trapèzes", "Pics",
"ton sur ton". La couleur sert moins à séduire
qu'à donner du relief et du mouvement. Plus que le ton, c'est
la valeur du ton qui importe ... comme s'il s'agissait d'une représentation
en niveaux de gris.
À partir de 1978, on entre dans la géométrie
pure. Tout d'abord des traits, simples évènements
sur un fond unis (généralement blanc), puis comme
naturellement, apparaît le quadrillage. Dans un premier temps,
il est irrégulier, puis petit à petit il se fige.
Ce sont quelques carrés de couleurs qui vont donner le plaisir.
C'est sans doute, inconsciemment, dans ces toiles que Paul Rouillier
réussit sa première synthèse entre la rigueur
et la fantaisie.
Comme chaque fois qu'il s'évade, Paul Rouillier retourne
à la raison. Il découvre un nouveau mode de création
: la conception assistée par ordinateur. À Beaubourg,
il travaille avec François Morelet. Les propositions de l’ordinateur
lui servent de support à la réflexion, une sorte de
« Brain Storming … » ! Il retrouve ici une démarche
qui le sécurise : créer tout en gardant sa distance
avec sa création. À partir de 1981 il peint une série
de toiles "sans concessions" ou le noir et blanc s'impose.
À partir de 1983 commence une longue série de "cartons
ondulés" collés sur bois. Les stries du carton
peint à l'acrylique jouent avec la lumière au hasard
de l'éclairage et du déplacement de l'observateur.
Cette technique "cinétique" donne des tableaux
difficilement critiquables car ils ne sont jamais les mêmes
et différents pour chacun.
1988 va être un tournant pour Paul Rouillier. Le jeu de ping-pong
entre dépouillement et rigueur d'une part, fantaisie et couleur
d'autre part l'a épuisé. Il s'est cherché et
pas encore trouvé ! s'en suit une période de doutes
sur le pourquoi de la peinture, le rôle de l'artiste, ....Enfin
après d'âpres discussions, il se remet complètement
en cause. Sans doute s'est il trouvé sans le savoir car,
soudain, la peinture lui apparaît, non plus comme un moyen
d'introspection, mais bien comme un outil de communication. On ne
peint plus pour soi, mais pour échanger. La peinture est
un langage, si elle n'est pas accessible aux autres, elle est un
art mort.
Il retrouve sa sérénité et se remet au travail
avec enthousiasme. Il se projette dans un univers socialisé.
Significativement, c'est à partir de cette époque
que ses toiles sont baptisées : Montbassa, Les comédiens,
Mutation,..... et qu'il va peindre à partir de thèmes
: "La révolution", "Le parfum", "L'Europe
unie", "L'écologie". Ce seront les toiles
les plus abouties de son oeuvre. Enfin la rigueur de la construction
se marie à la fantaisie des formes et des couleurs. Plus
d'antagonisme, mais au contraire une synergie dans la recherche
de l'évocation, dans la proposition d'une émotion,
dans la démarche vers les autres.
IL va peindre jusqu’à 1994, période où
trop affaiblit par la maladie, il range ses pinceaux.
Pour découvrir la biographie de Paul Rouillier et le catalogue
raisonné de son œuvre : www.rouillier.com
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