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Importance de la petite enfance en psychologie (suite):

 

J’ai insisté, dans un article précèdent, sur l’importance des ressentis de la petite enfance dans la

construction de la conscience cognitive de l’adulte et comment l’intégration des ressentis au cours de la

vie construisait le réseau logique de la conscience cognitive.

Donner un exemple n’est pas facile car il faudrait relier la description de la relation du monde émotionnel

de l’enfant au monde cognitif de l’adulte. Hors, s’il est possible de décrire le monde de l’adulte par une

représentation formalisé comme le langage, décrire le monde émotionnel, par essence non ou peu

formalisé, par des mots est impossible. Le non formulé ne peut se décrire dans un système de

représentation formulé (du moins à ce jour).

Pour décrire comment se construit l’empilement des images mentales, et ses déviances, dans la

conscience cognitive je prendrais trois exemples.

Le problème de la fratrie.

J’ai évoqué ce problème dans la première partie de cet article. Le cas qui nous intéresse aujourd’hui est le suivant : « Comment des acquis de sa petite enfance peuvent perturber le vécu d’un adulte ».

Reprenons l’histoire d’un ainé perturbé par l’irruption dans la famille de son cadet. Il se sent délaissé

par ses parents qui consacrent, tout naturellement, une grande partie de leur temps au bébé. L’ainé ne

dispose plus que de parents « à mi-temps » alors qu’il les avait à temps plein auparavant. Il en conçoit

une certaine angoisse car un enfant vit en totale fusion avec ses parents et les voir, en partie, s’éloigner

lui fait perdre une partie de ses références et de son identité. Ce peut être un véritable deuil pour lui. Il

développe donc tout naturellement une certaine anxiété, un certain mal être. Il en veut inconsciemment à

ses parents de leur trahison et plus consciemment à son cadet de le chasser pour prendre sa place .

Cette situation peut ne pas être catastrophique si l’ainé accepte cette séparation, cette nouvelle maturité

(il fait son deuil), et la compense par une sorte de pouvoir sur son cadet qui le repositionne dans la famille

en tant que responsable du petit.

Souvent cela ne se passe pas bien et le deuil ne se fait pas. L’ainé conserve une sourde rancœur à ses

parents (masquée par l’affection qu’il leur porte) et intègre son cadet comme un ennemi, un élément

perturbateur de son bien-être. Par la suite, chaque situation de la vie familiale sera analysé en partant du

postulat intégré : « mes parents préfèrent mon cadet et lui ,intrigue pour m’évincer de leur affection ». A

partir de ce postulat tout événement sera vécu à travers cette vision perturbé et son ressenti intégré comme

un élément négatif venant alimenter son hostilité.

Pour le cadet le vécu de cet animosité est bien intégré et il va également vivre chaque nouvelle situation à

travers le prisme de « mon ainé me déteste »

Progressivement vont se construire, de part et d’autre, des « pyramides de rancœur » qui vont de plus en

plus diviser la fratrie.

Le point le plus important à signaler c’est que le ressenti, le vécu, de cette opposition dans la fratrie va

porter sur les événement les plus récent en occultant totalement l’histoire et le passé. C’est l’ensemble

des fausses analyses les plus récentes (conséquence des traumatismes anciens) qui va servir de support à

l’animosité alors que leur cause profonde va être ignorée. Pourtant, ni l’ainé ni le cadet, ne sont

responsable de ce qui s’est passé et chacun reproche à l’autre des faits dont chacun est plus victime que

responsable. Les parents qui vivent très mal cette situation n’en sont pas plus responsables, ils ont fait

pour le mieux en fonction de ce qu’il pensaient devoir faire. C’est sans doute notre culture qui pêche et

ne nous donne pas les bonnes clés pour agir ! et ce que nous pensons être le meilleur ne l’est pas

forcément.

Chez l’adulte.

Un passage difficile du peu formulé au totalement formulé. Ces problèmes ne sont pas l’apanage de

la petite enfance et peuvent survenir dans la conscience des adultes. Par exemple dans sa théorie de la

relativité restreinte Einstein à modifié totalement la vision de l’univers Newtonien en le reformulant.

Pour Newton l’univers était construit autour de deux entités fondamentales. L’espace et le temps, pour

lui, représentent des contenants, à priori, dans lequel vont évoluer la matière et les énergies. Que la

matière existe ou non, le temps et l’espace sont des permanents, même en l’absence de matière le temps

s’écoule et l’espace existe. C’est une vision évidemment très inspiré de la religion Catholique et de son

Dieu créateur de toutes choses. C’est l’univers dans lequel nous baignons encore aujourd’hui et que

parents, amis, enseignants, nous ont appris et que nous avons intégré tant dans notre sphère émotionnelle

que cognitive. La vision de Newton est la seule qui existe (en occident), elle baigne toute notre culture et

notre vision du monde.

Einstein a inventé une autre vision de l’univers dans lequel l’espace-temps est le contenant de la matière

et de l’énergie, avec cette particularité qu’ils sont indissociables. L’espace-temps n’a aucun sens sans la

matière ou l’énergie qui le peuplent. Seule leur relation existe. De ce fait l’espace-temps n’est plus un

contenant à priori et chaque élément de matière ayant sa propre relation à lui, évolue dans son propre

espace-temps.

C’est une notion pas trop difficile à comprendre intellectuellement, mais horriblement délicate à accepter,

à intégrer pour la bonne raison que :

Le terme d’espace-temps choisi par Einstein pour désigner sa nouvelle grandeur (se substituant aux

grandeurs espace et temps) est mal choisi. L’évoquer implique quasi automatiquement dans notre esprit

l’appel au vieilles notions acquise d’espace et de temps Newtonien. Notre mémoire se déclenche sous

l’effet d’un ressenti, dans ce cas les mots espace et temps, qui sont les clés d’accès à tous nos acquis.

Immédiatement les notions Newtoniennes surgissent et se présentent en tant que critères d’analyse du

nouvel élément invoqué, et ce même si la partie cognitive de notre conscience propose autre chose. Ce

vécu pathologique partagé entre des acquis émotionnels et cognitifs contradictoires nous empêche de

parfaitement comprendre le propos invoqué. Difficile d’intégrer une notion nouvelle qui se trouve en

opposition à un acquis émotionnel plus archaïque. Il est certain que pour des chercheurs qui « baignent »

dans la relativité tous les jours les souvenirs archaïques ont été encapsulés par les acquis quotidiens et ne

constituent plus un obstacle à la compréhension.

Les débats sur le Brexit.

 L’opinion publique au royaume uni est divisée entre les partisans ou non du Brexit. C’est un schisme profond qui alimente toutes les conversations, à tel point que quel que soit le sujet discuté tout débat se ramène toujours à cette problématique. On peut comparer cela à tout débat avec un représentant du Rassemblement National. Tout sujet débattu, qu’il s’agisse d’un match de football, d’un concert, d’un problème d’éducation, de transport, de civisme, se ramène immédiatement au problème des migrant, des islamistes. Le mécanisme est le même dans une discussion avec un militant d’extrême gauche ou tout sujet implique la critique du capitalisme ou du patronat. C’est le mécanisme que l’on observe dans toutes « radicalisation » Une vision (erronée ou non, mais en tout cas exclusive) est incrustée dans notre conscience. Elle s’impose dans toutes nos analyses des situations (positionnement) et biaise inexorablement toute conclusion qui pourrait la contredire. Plus aucune analyse critique n’est possible sans passer par un filtre quasi obsessionnel. Une idée rigidifiée intégrée dans la conscience biaise toutes les analyses ultérieures et s’autoalimente de tous les vécus. On conçoit bien comment une telle attitude cotoye allégrement la paranoïa.

 

C’est la représentation typique (à petite échelle) de la pathologie comportementale et de sa thérapie. Une

mauvaise analyse intégrée (et dans nos exemple la vision Newtonienne devient une mauvaise analyse par

rapport à la vision relativiste, et l’obsession islamophobe et le vers dans le fruit) perturbe nos

comportements et seule une rééducation comportementale (un travail quotidien sur la relativité ou la

notion d’identité) peut corriger cette erreur.

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